mercredi 11 février 2015

L'esprit du temps ou l'islamophobie radicale

La grande question du XXIème siècle est et sera celle de l’islamophobie. L’islamophobie est en effet le mal du siècle présent, à l’image de ce que fut l’antisémitisme au cours du siècle précédent. Si la haine a changé de cible, elle n’a pas changé de méthode. La ‘bête infâme’ est toujours là et rôde autour de sa proie avec le même appétit prédateur. Les loups sont entrés dans Paris, Washington, Londres ou Jérusalem. Aujourd’hui, ce sont les Musulmans qui sont les principaux bouc-émissaires de la haine ordinaire des peuples occidentaux et de leurs élites et qui risquent de payer très cher le peu de cas que nous autres, citoyens des Lumières et enfants gâtés de la démocratie, faisons de leur sort peu enviable.


L’Occident, une fois le cadavre du communisme jeté dans les bas-fonds de l’histoire, a su faire de l’Islam le mal absolu, l’ennemi à combattre, le nouveau totalitarisme qui menacerait nos libertés, nos terres, nos identités. Moyen astucieux pour détourner les colères légitimes des peuples occidentaux contre les prédations répétées de leurs élites qui, pour s’enrichir à outrance, n’ont pas trouvé de meilleure solution que d’expédier les emplois de leurs concitoyens dans des contrées lointaines après avoir ouvert les vannes de l’immigration économique pour faire pression sur les salaires de leurs travailleurs nationaux. Face à la faillite d’un système libéral dominé par la finance et l’esprit de lucre, il fallait brandir une menace qui puisse canaliser toutes les vieilles rancœurs des peuples, fruits des échecs successifs de nos sociétés capitalistes.

L’islamophobie a ses théoriciens respectés et reconnus dans le cercle étroit de nos élites atlantistes : tel un Samuel Huntington avec son “choc des civilisations” qui est, en quelques sortes, une invitation à la guerre éternelle, un bréviaire de la haine de l’autre au nom des intérêts géostratégiques d’une poignée d’Occidentaux ; ou une Bat Ye’or avec son concept “d’Eurabia” (“Eurabia : l’axe euro-arabe”), qui voudrait étendre à l’Europe le modèle d’apartheid et de discrimination à l’œuvre en Israël afin de résister à l’invasion des nouveaux ‘barbares’.

Nos élites islamophobes n’ont pas seulement leurs théoriciens, elles ont aussi leurs guerriers qui sont allés porter la guerre en terres musulmanes pour prouver leurs théories nauséeuses. Il leur fallait donner de la substance à leur paranoïa, du prestige à leur volonté de nuisance et pratiquer la physique des crimes après avoir épuisé toutes les ressources de la métaphysique des peurs. Leurs chefs de guerre sont revenus de leur croisade afghane, irakienne, libyenne, bouffis d’héroïsme sanglant, après avoir massacré des innocents, torturé des enfants qui défendaient leur village avec une pierre ou un bout de bois, après avoir ravagé les campagnes et les villes avec des armes interdites par les conventions internationales, après s’être accaparé les richesses des pays agressés, ils sont revenus donc, pour proclamer sans nuance : “ils nous détestent”, “ils nous haïssent”, “ils nous maudissent”. Ils ont osé justifier leurs guerres par cette haine prétendue que les peuples lointains nourriraient à notre égard, en feignant d’ignorer que cette haine, lorsqu’elle existe, n’est que la conséquence directe des guerres que nous menons au nom de la démocratie contre ces peuples sans défense [i].

L’ensemble des intellectuels atlantistes [ii], autrement dit, ceux que nous entendons dans les médias occidentaux, partagent, avec plus ou moins de virulence, plus ou moins de nuance, les présupposés islamophobes et guerriers de ces ‘théories du complot islamiste’. Celui qui ne suit pas à la lettre la doctrine atlantiste et ne participe pas au lynchage intellectuel et médiatique des Musulmans tombe vite dans la catégorie des suspects d’antisémitisme.



Par une sorte de tragique ironie de l’histoire, l’antisémitisme supposé des uns est devenu l’alibi de l’islamophobie avérée des autres : c’est ainsi que pour cacher son islamophobie radicale, tel ou tel intellectuel atlantiste ira de sa dénonciation de l’antisémitisme ambiant, soulignera avec effroi la dangereuse progression de l’antisémitisme dans nos sociétés toujours habitées par les démons du passé. Qu’importe que les faits et les chiffres invalident ces propos et que, si l’antisémitisme n’a pas disparu, pas plus que le racisme ou le sexisme, il est aujourd’hui marginal à l’échelle de nos sociétés (évidemment pas à l’échelle des personnes qui peuvent le subir). Qu’importe que l’antisémitisme soit l’allié naturel du sionisme qui a besoin de son contraire pour exister et se justifier, ce qui compte c’est de noyer l’islamophobie sous les paroles généreuses de celui qui combattrait l’antisémitisme. On peut s’acheter ainsi une vertu médiatique à bon compte et espérer monter dans la hiérarchie atlantiste.

Les islamophobes radicaux vont encore plus loin : ils cherchent des têtes à couper en permanence, et comme le Père Duchène ou l’Ami du Peuple qui, sous la Terreur, réclamaient toujours plus de sang pour épurer le corps politique de ses excroissances incongrues, ils dénoncent comme antisémites (avec le courage inouï de ceux qui ne risquent que l’approbation de leur maîtres) tous ceux qui prendraient la défense des Musulmans ou ne seraient pas assez agressifs à leur égard, ou encore, quiconque oserait émettre une critique envers l’Occident sans y aller de son couplet sur les mœurs dénaturés de l’Islam [iii]. Toute critique de l’Occident passe, en effet, pour un manque d’islamophobie, et, par conséquent, pour un acte antisémite. D’une manière générale, toute personne qui se pose des questions sur le monde qui l’entoure devient suspect et est immédiatement mis à l’index de la pensée dominante. On l’aura compris, les atlantistes accusent leurs adversaires d’antisémitisme pour ne pas se voir accusés eux-mêmes d’être des islamophobes radicaux.

Pour parvenir à leurs fins, ils utilisent toute une panoplie de procédés dignes des procès de Moscou : amalgame, confusionnisme, rhétorique de disqualification, accusations en miroir, etc. Rien ne les arrête pour dénicher l’anti-atlantiste, le faire sortir de l’ombre et l’abattre en place publique pour édifier les peuples. Et le plus surprenant, c’est qu’ils réussissent, malgré l’indigence de leur raisonnement et la haine radicale qui les anime. Les victimes de leur vindictes sont en retrait, elles demeurent sur la défensive et passent leur temps à essayer de se justifier d’un brin d’humanité. Elles ne savent ni n’osent répliquer.

Or, il impérieux de réagir, pour être fidèle aux principes des Lumières, pour être les bons élèves du devoir de mémoire ou, enfin, pour garder le respect de soi-même. Il ne faut plus baisser la tête devant les islamophobes radicaux qui vous accusent d’être antisémites parce qu’ils sont à court d’arguments rationnels. Il faut combattre avec vigueur leurs méthodes inquisitoriales au nom des valeurs des Lumières qu’ils mettent en danger. Il convient de démonter méthodiquement leur paranoïa maladive qui voit des complots et des haines antisémites partout pour se dispenser d’affronter leur propre islamophobie.

Ainsi, au nom de l’islamophobie tout leur semble aujourd’hui permis à l’encontre des Musulmans dans les médias atlantistes : les dérapages verbaux, les insultes directes ou indirectes, les stigmatisations en tous genres, le mépris, les caricatures outrancières, les moqueries condescendantes. « Tous des terroristes », « tous des délinquants », « tous antisémites » ; « des délinquants qui deviendront des terroristes ; « des profiteurs du système » ; « des parasites » : ce sont là quelques uns des messages que les islamophobes distillent quotidiennement dans nos médias. Jusqu’à la fameuse affirmation que « le peuple Palestinien n’existe pas », condensé de tout le reste qui peut se comprendre comme une manière de nier le droit à l’existence d’un peuple pour s’autoriser à l’anéantir à petit feu comme un Slow Motion Holocaust. Apres cela il ne faudra pas s’étonner que la mort d’un Musulman sous les bombes occidentales ne soit jamais considéré autrement que comme un dommage collatéral, un détail sans importance dans la glorieuse histoire de l’Occident, rempart de la civilisation face au néant de ‘l’autre’.

“L’islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire – pardonnez-moi – que d’enculer leurs chameaux.” Plateforme, Michel Houellebecq, éd. Flammarion, 2001, p. 261

Qu’importe que les principaux crimes de masse dans le monde, depuis la chute du mur de Berlin, soient l’œuvre des Occidentaux. Qu’importe que le terrorisme islamiste soit le résultat d’une instrumentalisation sordide réalisée par les Occidentaux et leurs alliés wahhabites (comme on l’a vu le 11-Seprembre aux États-Unis, ensuite en Libye et en Syrie). Ce qui importe est d’affirmer avec conviction son islamophobie tout en la déguisant sous les habits de la laïcité, de l’humanisme, du féminisme, de la lutte contre les extrémismes, des Lumières mêmes, puisqu’on n’est plus à une contradiction ou à un reniement près.

Nous sommes descendus si loin dans le trou noir de l’irrationalité que, par une étrange logique, il n’est pas besoin de prouver un complot ou un attentat qui impliquerait des Musulmans ; quelques soupçons suffisent pour établir la liste des coupables et faire de la conviction des accusateurs des vérités officielles qu’on ne peut contredire sans risquer de se voir soumis à l’opprobre de ses contemporains. Si des Musulmans ont pu participer à un attentat, c’est qu’ils en sont les responsables et que les faits sont incontestables. À l’opposé, il devient impossible de prouver un complot qui serait l’œuvre des Occidentaux ; toute preuve, tout faisceau d’indices, tout soupçon étayé ne sont jamais suffisants pour les tenants de l’innocence fondamentale des hommes blancs ; il leur faut toujours plus. [...]
“On est dans un moment épouvantable. Le milieu intellectuel parisien est dans une dérive parareligieuse, dans une islamophobie latente. Il existe une forme de crispation identitaire, une angoisse à la désoccidentalisation du monde, une rupture entre le clan des dominants et le monde multipolaire. Cette doctrine occidentaliste, qui veut que l’Occident soit riche et dominateur éternellement, m’inquiète”. Emmanuel Todd – El Watan. 3 novembre 2008.

Cette logique du ‘Musulman coupable par nature’, parce que Musulman, est à la base de l’institutionnalisation de la torture par les États-Unis qui peuvent ainsi soumettre à des traitements inhumains des milliers de personnes à travers le monde (Guantanamo n’étant que l’un de ces camps de torture dirigés par l’administration américaine) sur la base d’un simple soupçon de ‘terrorisme’, soupçon qui ne fait l’objet d’aucun contrôle judiciaire. La culpabilité d’un Musulman n’a pas besoin d’être prouvée, elle se déduit de son être même. Il s’agit là d’une forme d’essentialisme, qui est lui-même une forme radicale de racisme.

Les démocraties occidentales, et tout particulièrement les États-Unis, qui se définissent comme des États de droit, ont peu à peu créé, au nom de la lutte contre le terrorisme islamique, des zones de non-droit, des no man’s land juridiques destinés à rejeter hors de leur espace légal les ‘terroristes’, les ‘nouveaux barbares’, les ‘autres’, essentiellement les Musulmans, pour les soumettre à des régimes d’exception où les condamnations sans preuve, la torture, les humiliations en tous genres sont admis et encouragés[iv]. Le rejet de groupes humains dans un espace para-légal, au sein même des sociétés démocratiques ou dans des lieux soumis à leur souveraineté, est la traduction politique et administrative d’un essentialisme dont le ressort principal est la peur frénétique de l’autre.

« Les individus incarcérés à Guantanamo – n’étant ni des prisonniers ni des accusés, mais de simples détenus – se trouvent dès lors sous le joug d’une autorité sans réalité légale. Comme leur détention échappe entièrement à la loi et à toute autorité juridique, elle est illimitée dans le temps et de nature indéterminée. La seule chose à laquelle on peut comparer ce phénomène est la situation des Juifs dans les camps nazis qui, en plus de leur citoyenneté, avaient perdu tout statut légal, sinon qu’ils conservaient encore leur identité de juifs »[v]. Giorgio Agamben, Sovereign Power and Bare Life, Stanford University Press, 1998.

Cet essentialisme, on le retrouve, pour prendre un exemple médiatique, dans les caricatures de Mahomet, publiées en France dans le journal Charlie Hebdo en février 2006. Dans le contexte actuel de stigmatisation des Musulmans, ces caricatures correspondent à celles des Juifs des années 30 dans la presse antisémite. Et c’est au nom de la liberté d’expression qu’on nous fait tolérer cette presse de caniveau dont les dirigeants sont des partisans déclarés de l’atlantisme et du choc des civilisations[vi]. Bel exemple également de transmutation des valeurs.

(a) : « Il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût » ; «Les Musulmans se multiplient comme des rats » ; « Au lieu de contribuer au progrès de l’humanité, [les fils d’Allah] passent leur temps avec le derrière en l’air à prier cinq fois par jour », Oriana Fallaci, La Rage et l’Orgueil, Plon, 2002. (b) : « Fallaci vise juste, même si elle peut choquer par certaines formules », Pierre-André Taguieff, Actualité juive, 20 juin 2002. (c) : « Oriana Fallaci a l’insigne mérite de ne pas se laisser intimider par le mensonge vertueux. Elle met les pieds dans le plat, elle s’efforce de regarder la réalité en face », Alain Finkielkraute, Le Point, 24 mai 2003.

L’islamophobie radicale prend peu à peu le dessus sur toutes les autres haines. C’est la nouvelle peste du siècle, la nouvelle passion grégaire d’une humanité occidentale à la recherche du mépris des autres pour tenter de comprendre le sien. On observe ainsi que l’ensemble des extrêmes droites européennes se rallient peu à peu à l’islamophobie radicale tout en abandonnant leur antisémitisme traditionnel (ce que l’on peut saluer) et prennent pour modèle le sionisme. Car les extrêmes droites voient dans le sionisme tous les éléments de leur philosophie : rejet de l’autre, discriminations raciales, nationalisme, apartheid. C’est ainsi que l’on peut comprendre le geste fou de Breivik en Norvège : c’est, en partie, au nom du sionisme qu’il a commis son acte atroce, si l’on se réfère au manifeste qu’il a lui-même écrit. Ses victimes étaient des jeunes militants préparant des actes de boycott d’Israël afin de dénoncer le sort réservés aux Palestiniens. Le meurtrier était un islamophobe radical, lecteur et admirateur de Samuel Huntington et de Bat Ye’or. Dire cela, c’est s’exposer à être traité d’antisémite, même si l’on est Juif soi-même.

Cette islamophobie ambiante est radicale en ce sens qu’elle permet de légitimer l’usage, à une échelle globale, par les Occidentaux, de la violence la plus extrême (guerres, tortures, dommages collatéraux, terrorisme d’État) contre des populations musulmanes qui sont présentées comme coupables des crimes qu’elles subissent. Torturer un Musulman est considéré comme un acte de recherche de la vérité et non pas comme un acte barbare, cruel et inhumain. D’une certaine manière, l’islamophobie radicale implique la mise à mort de ‘l’autre’, le Musulman, au nom de la bonne conscience à toute épreuve de l’homme blanc occidental.

L’islamophobie radicale est également une idéologie totalitaire parce qu’elle prétend offrir une compréhension du monde totalisante et unique, un prisme universel à travers lequel tout devrait recevoir une explication simple, logique, définitive et qui donne systématiquement raison aux Occidentaux et à leurs crimes. Elle vise tout Musulman, d’ici ou d’ailleurs et est diffusée à travers l’ensemble des moyens médiatiques de masse qui reflètent et façonnent la représentation du monde des Occidentaux (dans les écrits des intellectuels de tous bords, les films ou séries télévisées).

Cette idéologie totalitaire est, enfin, un instrument de la géopolitique de la peur développée par les élites occidentales afin de continuer leurs prédations (coloniales) antérieures. Elle construit un ennemi imaginaire (le méchant musulman qui veut tuer le gentil blanc) à qui elle donne corps et substance à force de le désirer et, avec cet épouvantail, obtient, par la peur et l’effroi, le consentement (volontaire ou tacite) de ses populations à ses aventures capitalistes guerrières.

Le paradoxe apparent de l’islamophobie radicale, c’est que ses promoteurs s’allient volontiers avec l’Islam, lui aussi radical, d’inspiration wahhabito-salafiste, pour mettre en œuvre le choc des civilisations. Cela relève d’un faux paradoxe et d’une ambiguïté propre à servir les intérêts géopolitiques des Occidentaux et des Wahhabites.

Du côté de l’Occident, on développe le mal que l’on prétend combattre pour lui donner une réalité qu’il n’aurait pas autrement. En effet, sans l’appui apporté par l’Occident au terrorisme islamique wahhabite de l’Arabie saoudite et du Qatar (en Afghanistan, Serbie, Tchétchénie, Libye, Syrie ou lors du 11-Septembre, etc), ce terrorisme serait resté localisé et n’aurait jamais pu avoir l’envergure internationale qu’il a aujourd’hui. Sans ce terrorisme islamique globalisé, les guerres de conquête de l’Occident, sous couvert de lutte contre le terrorisme, n’auraient pas pu aussi facilement trouver les pretexes nécessaires à leur lancement tous azimuts. Du côté des salafistes, l’islamophobie occidentale justifie la mobilisation de l’islam radical face à l’Occident meutrier des Musulmans et donne le change aux populations musulmanes (principalement sunnites) opprimées par leurs dirigeants décadents qui font leurs emplettes à Paris, Londres ou New-York.

Il faudra beaucoup de courage aux citoyens de tous horizons religieux ou politiques pour oser défendre les Musulmans après tout les monceaux de haines et de calomnies qui auront été déversés sur eux. Il leur en faudra beaucoup aussi pour rester fidèles aux valeurs des Lumières qui font de tous les êtres des semblables, des égaux, des frères humains.

Aucun peuple ne mérite de critiques excessives, ni aucun peuple de louages exagérées. Ni haine ni angélisme, juste prendre ‘l’autre’ pour ce qu’il est : une part de nous-mêmes, ni meilleure, ni pire, juste le miroir de notre humanité.

Aujourd’hui l’inhumanité qui habite l’Occident s’en prend aux Musulmans comme hier elle s’en prenait aux Juifs. C’est cela qu’il faut avoir le courage de dire et de dénoncer. Parce que dénoncer les puissants, ce n’est pas de la délation, mais du civisme. Pour que cesse cette infamie des temps présents et que l’esprit des Lumières reprenne le dessus sur le soleil noir de l’Occident ; pour qu’un jour il ne soit pas interdit et considéré comme criminel de tendre la main à un Musulman.

Guillaume de Rouville,
auteur de La Démocratie ambiguë,
Éditions Cheap, juillet 2012.
Source : L’idiot du village




Témoignages :

1- TARIQ RAMADAN : Les médias français, les politiques et les intellectuels

Ces derniers jours ont été bien révélateurs. Au gré de mes interventions médiatiques en France, les téléspectateurs autant que les auditeurs ont pu se rendre compte du jeu malsain de certains journalistes. La plupart ont inlassablement répété le refrain de mon «double discours» et d’autres, sans arguments, ont insisté sur la non-clarté de mon propos pour entretenir l’impression de ce qu’ils ne pouvaient prouver. Oui, vraiment, «nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre », et la double audition est devenue un mal médiatique (intellectuel et politique) français.
Au-delà de ma personne, cette attitude met en évidence un problème en France, réel, profond, ancien. Pour discréditer ma personne, il faut commencer par dire que je suis «controversé», «ambigu», et que mon discours est «habile» et «double». Ces deux dernières semaines étaient symptomatiques : à quelques rares exceptions près, la même stratégie fut établie, pour refuser d’entendre, ou pour troubler l’écoute du public. Il s’agit donc soit de ne pas m’inviter, soit de m’inviter avec «le filtre» d’usage. «Prévenir», «avertir» les spectateurs et les auditeurs que «l’homme» est dangereux et malin…des fois qu’il (cet Africain, cet Arabe, ce musulman) dirait quelque chose d’intéressant (il serait alors deux fois plus dangereux). Ils sont rares ceux qui en France ont osé m’inviter sans y ajouter le perpétuel coup bas d’une présentation malhonnête, agrémentée de sinueux sous-entendus : Moati, Giesbert, Taddéi, Simonin, Marschall et Truchot, Naulleau et Zemmour, à ce jour. Tant d’autres, grands défenseurs de la liberté d’expression, ne m’invitent pas, ou plus (les pressions et les critiques furent si fortes).
Il est intéressant de noter le parallèle avec les institutions d’État et les universités. Je suis professeur d’études islamiques contemporaines à Oxford et j’ai été invité à m’exprimer dans les plus grandes universités et institutions à travers le monde. Sauf en France, avec son étrange « exception », où l’académique semble prendre pour argent comptant (et se plier devant) les approximations médiatiques (ce qui est en soi très inquiétant). Pas d’interventions universitaires, des conférences annulées et des services de l’État faisant pression pour m’empêcher de m’exprimer, presque chaque mois, depuis vingt-cinq ans. Quelle insulte faite aux étudiants français ! Ils ne seraient donc pas intellectuellement armés pour entendre, analyser, critiquer ? Seraient-ils plus bêtes et vulnérables que les autres ? Ou alors a-t-on peur d’autre chose, que mon propos réveille des consciences libres par exemple ?
Il faut mettre en évidence trois points qui sont cruciaux au-delà de ma personne :
  • 1. Soit les musulmans invités à s’exprimer (tv, radios, ou autres) sont diabolisés soit ils répètent ce que les médias et l’État a envie d’entendre ou de leur faire dire. Le résultat est sans équivoque : on n’avance pas, on assiste à l’éternel retour des mêmes sujets, réchauffés, encore et encore. Quelle lassitude ! Or, ne pas avancer sur ces questions c’est bel et bien régresser. Intellectuellement (et socialement), chers journalistes, vous faites régresser la France et les politiques et les intellectuels vous emboîtent le pas.
  • 2. Les Français de confession musulmane sont encore et toujours perçus comme « l’autre » dans les débats publics et médiatiques. Ils doivent se justifier, sont suspects et/ou suspectés, et leur liberté d’expression critique est restreinte par cette épée Damoclès sous laquelle elles /ils doivent décliner leur identité physique autant qu’intellectuelle. Ils doivent montrer patte blanche avec le faciès autant qu’avec l’esprit.
  • 3. Les médias grands publics, comme les politiques et les intellectuels, sont aujourd’hui les principaux responsables de la normalisation du discours stigmatisant, xénophobe, raciste aux parfums de l’extrême droite d’antan. On peut bien faire mine de ne pas y toucher, mais le ton, la substance des débats et les stigmatisations récurrentes sont en train d’avoir un impact dangereux sur la France, sa psychologie collective et son manque d’ouverture à la diversité.
Je l’ai répété souvent. Je ne suis que l’arbre qui cache la forêt et mon traitement médiatique et académique est révélateur des contradictions françaises… pays de la liberté aux libertés à géométrie variable. Néanmoins, je suis optimiste car les choses changeront assurément. Je prends date. Je me répète depuis 30 ans, en France, sans être entendu : déjà des femmes et des hommes, Français de confession musulmane, se font entendre et défendent autant leurs droits qu’ils connaissent leurs responsabilités. Ils construiront une France réconciliée avec ses valeurs de liberté et d’égalité. Il faudra les écouter car votre surdité continuée serait alors le pire qui puisse advenir. Vous les entendrez, assurément, et vous vous souviendrez qu’un jour, avec humilité et sérénité, je vous avais invités à prendre date.
J’accuse aujourd’hui la grande majorité d’entre vous de manquer de déontologie, de professionnalisme, de liberté et de courage. Et je prends date car l’Histoire sera plus forte que vos présentes trahisons à ces belles valeurs que vous affirmez défendre.
Source : Tariq Ramadan, 3/2/2015

2- Chris Hedges : Un message des dépossédés


A Istanbul, ce vendredi, devant le Consulat français, des crayons cassés ont été placés dans une flaque simulant du sang, en mémoire des victimes de la fusillade du journal satirique français Charlie Hebdo. AP/Emrah Gurel
L'attaque terroriste survenue au journal satirique Charlie Hebdo en France n'était pas à propos de la liberté d'expression. Elle ne concernait pas l'Islam radical. Elle n'illustrait pas le fictif choc de civilisations. C'était le signe avant-coureur d'une émergente contre-utopie où les damnés de la terre, privés de ressources pour survivre, désespérés, sauvagement tenus sous contrôle, rabaissés et raillés par des privilégiés vivant dans la splendeur et l'indolence de l'Occident industriel, se déchaînent en une défiante furie criminelle.
Nous avons organisé la rage des dépossédés. Le fléau du capitalisme prédateur global et de l'empire mondial a engendré le fléau du terrorisme. Et plutôt que de comprendre les racines de cette colère et de tenter d'y remédier, nous avons construit des mécanismes sophistiqués de sécurité et de surveillance, voté des lois qui permettent les assassinats ciblés et la torture des faibles, et amassé des armées modernes et les machines de guerre industrielle pour dominer le monde par la force. Cela n'a rien à voir avec la justice. Rien à voir avec la guerre contre le terrorisme. Rien à voir avec la liberté ou la démocratie. Rien à voir avec la liberté d'expression. Cela a à voir avec la course folle des privilégiés pour survivre aux dépens des pauvres. Et les pauvres le savent.
Si comme moi vous passez du temps à Gaza, en Irak, au Yémen, en Algérie, en Egypte et au Soudan, aussi bien que dans les logements sociaux déprimants des ghettos connus sous le nom de "banlieues" qui entourent les grandes villes françaises comme Paris et Lyon, où sont entassés des immigrants nord-africains paupérisés, vous commencez à comprendre les frères Chérif Kouachi et Saïd Kouachi, tués vendredi dans un échange de tirs avec la police française. Il y a peu d'emplois dans ces poches de misère. Le racisme ne se cache pas. Le désespoir est rampant, notamment pour les hommes, qui se sentent dénués de rôle. Le harcèlement des immigrants, couramment pratiqué par la police lors des contrôles d'identité, est pratiquement constant. La police a un jour fait sortir un immigré maghrébin, sans raison apparente, d'une rame du métro de Paris où je me trouvais pour le battre impitoyablement sur le quai. Les musulmans français constituent 60 à 70 pourcent de la population carcérale en France. Les sirènes de la drogue et de l'alcool attirent les communautés musulmanes pauvres pour atténuer leur douleur.
Les 5 millions de maghrébins en France ne sont pas considérés comme français par les français. Et quand ils retournent à Alger, Tanger ou Tunis, où ils sont peut-être nés et ont vécu brièvement, ils sont traités comme des parias étrangers. Coincés entre deux mondes, ils s'enfoncent, comme les deux frères, dans le désœuvrement, la petite délinquance et la drogue.
Devenir un guerrier saint, un djihadiste, le champion d'un idéal absolu et pur, est une enivrante conversion, une sorte de renaissance, qui amène un sentiment de pouvoir et d'importance, aussi familier pour un djihadiste islamique qu'il l'était pour un membre des Brigades Rouges ou des anciens partis communistes et fascistes. Les convertis à n'importe quel idéal absolu qui promet la venue d'une utopie adoptent une vue manichéenne de l'histoire pleine d'étranges théories du complot. Les forces, même bienveillantes, qui s'opposent à eux sont dotées d'une malveillance dissimulée. Les convertis croient vivre dans un monde binaire divisé entre bien et mal, pur et impur. En tant que champions du bien et de la pureté ils sanctifient leur statut de victime et diabolisent tous les incroyants. Ils croient avoir reçu une onction pour changer l'histoire. Et ils embrassent une violence hyper masculine vue comme un moyen de nettoyer les pollutions du monde, ce qui inclut les gens appartenant à d'autres systèmes, races ou cultures. C'est pourquoi l'extrême droite française, organisée autour de Marine Le Pen, dirigeante du Front National anti-immigration, a tant en commun avec les djihadistes que Le Pen dit vouloir annihiler.
Quand vous sombrez dans le désespoir, quand vous vivez piégé dans Gaza, l'immense prison à ciel ouvert d'Israël, dormant à 10 sur le sol d'un taudis de béton, marchant tous les matins à travers les rues boueuses de votre camp de réfugiés pour chercher une bouteille d'eau car celle de votre robinet est toxique, faisant la queue devant les bureaux de l'ONU pour obtenir un peu de nourriture parce qu'il n'y a pas de travail et que votre famille a faim, quand vous subissez périodiquement les bombardements aériens d'Israël qui font des centaines de morts, votre religion est tout ce qu'il vous reste. La prière musulmane, qui a lieu 5 fois par jour, vous donne votre seul sens de structure et de signification, et encore plus important, de dignité. Et quand les privilégiés du monde ridiculisent la seule chose qui vous offre cette dignité, vous réagissez avec une incontrôlable fureur. De même, il n'est pas paradoxal qu'il soit possible de concevoir que cette fureur soit exacerbée lorsque vous et tous ceux autour de vous se sentent impuissants à réagir.
Les dessins du prophète dans l'hebdomadaire satirique parisien Charlie Hebdo sont offensants et puérils. Aucun d'entre eux n'est drôle. Et ils dévoilent un grotesque double standard dès qu'il s'agit des musulmans. En France, un négationniste de la Shoah, ou quelqu'un qui nie le génocide arménien, peut être emprisonné pendant un an et forcé de payer une amende de 60 000$. C'est un acte criminel en France de se moquer de la Shoah comme Charlie Hebdo s'est moqué de l'Islam. On doit enseigner aux lycéens français la persécution des juifs par les nazis, mais ces mêmes étudiants ne trouvent presque rien dans leurs manuels à propos des atrocités françaises généralisées, qui incluent un nombre de morts algériennes que certains portent à plus d'un million, lors de la guerre d'indépendance algérienne contre la France coloniale. La loi française interdit le port public de la burqa, un vêtement couvrant pour les femmes qui comporte une grille sur le visage, aussi bien que le niqab, un voile intégral avec une fine fente pour les yeux. Les femmes portant ces vêtements en public peuvent être arrêtées, condamnées à payer une amende équivalant à 200$ et être forcées d'accomplir un travail d'intérêt général. La France a interdit des rassemblements de soutien aux palestiniens l'été dernier lorsque Israël conduisait des raids aériens journaliers qui aboutissaient à la mort de centaines de civils. Le message aux musulmans est clair : vos traditions, votre histoire et votre souffrance ne comptent pas. Votre histoire ne sera pas entendue. Joe Sacco a eu le courage d'en parler dans une bande dessinée pour le journal The Guardian. Et comme Sacco l'a fait remarquer, si nous n'écoutons pas ces histoires, nous ne ferons jamais qu'échanger sans fin le terrorisme d'état contre le terrorisme.
"C'est une triste situation lorsque la liberté signifie la liberté d'insulter, de dégrader et de se moquer des concepts les plus sacrés des gens", m'a écrit par email le savant islamiste Hamza Yusuf, un américain vivant en Californie. "Dans certains pays latins, des gens sont acquittés pour meurtre quand la mère de l'accusé a été calomniée par la victime. J'ai vu cela en Espagne il y a de nombreuses années. Ce n'est pas une excuse pour le meurtre, mais cela explique la situation en termes d'honneur, ce qui ne veut plus rien dire en Occident. L'Irlande est un pays occidental qui garde encore un peu de cette mentalité, et c'était les règles de duel irlandaises qui étaient utilisées au Kentucky, le dernier état américain à interdire le duel. La pratique du duel était autrefois très importante en Occident, quand l'honneur avait une profonde signification pour l'âme des hommes. Aujourd'hui on n'a plus le droit de se sentir insulté que par une injure raciale ce qui, en fait, a moins d'impact sur une personne profondément religieuse qu'une attaque contre sa religion. Les pays musulmans sont encore gouvernés, comme vous le savez bien, par des codes d'honneur et de honte. La religion est le plus important. J'ai été attristé par les tweets et images "Je suis Charlie" car bien que je n'aie certainement aucune sympathie pour ces idiots égarés [les hommes armés qui ont fait irruption dans le journal], je ne me sens pas en solidarité avec les moqueurs."
Charlie Hebdo, qui se fait pourtant fort de taper sur tout le monde de la même façon, a viré un artiste et journaliste en 2008 pour un article qu'il jugeait antisémite.
Peu après les attaques du 11 septembre, alors que je vivais à Paris en tant que reporter pour le New York Times, je suis allé à la cité des 4 000, une cité HLM grise où les immigrés maghrébins vivaient dans des appartements aux fenêtres murées. Des ordures parsemaient les cages d'escalier. Des slogans tagués sur les murs dénonçaient le gouvernement français comme fasciste. Des membres des trois principaux gangs vendaient de la cocaïne et du haschich dans les parkings au milieu des carcasses de plusieurs voitures brûlées. Quelques jeunes hommes m'ont jeté des pierres. Ils scandaient “Fuck the United States ! Fuck the United States ! Fuck the United States !” et "Oussama Ben Laden ! Oussama Ben Laden ! Oussama Ben Laden !" Sur la porte de l'appartement d'une vieille femme juive, quelqu'un avait tagué un "Mort aux juifs" qu'elle avait lessivé.
Dans les banlieues Oussama Ben Laden était un héros. Lorsque les nouvelles des attaques du 11 septembre ont atteint la Cité des 4 000 - ainsi nommée car elle avait 4 000 HLM lors de sa construction - des jeunes hommes sont sortis de leurs appartements pour se réjouir et scander en arabe "Dieu est grand !". Quelques semaines plus tôt, en France, a eu lieu le premier match de football entre les équipes françaises et algériennes depuis la guerre d'indépendance ayant pris fin en 1962. Les maghrébins dans le stade ont hué et sifflé l'hymne national français. Ils ont scandé "Ben Laden ! Ben Laden ! Ben Laden !" et ont jeté des bouteilles sur deux ministres français, deux femmes. Alors que l'équipe française approchait de la victoire, les supporters algériens, pour arrêter le match, ont envahi le terrain.
"Vous voulez qu'on pleure pour les américains quand ils bombardent et tuent des palestiniens et des irakiens tous les jours ?" m'a dit Mohaam Abak, un immigré marocain assis avec deux amis sur une banc lors de ma visite de 2001 à la Cité des 4 000. "On veut que plus d'américains meurent pour qu'ils commencent à sentir ce que ça fait."
"L'Amérique a déclaré la guerre aux musulmans il y a bien longtemps", disait Laala Teula, un immigré algérien qui a travaillé de nombreuses années comme mécanicien dans les chemins de fer. "Ce n'est que la réponse."
Il est dangereux d'ignorer cette rage. Mais il est encore plus dangereux de refuser d'examiner et de comprendre ses origines. Elle n'a pas émergé du Coran ou de l'Islam. Elle a émergé d'un désespoir de masse, de conditions palpables de pauvreté, allant de pair avec la violence impérialiste occidentale, l'orgueil et l'exploitation capitaliste. Alors que les ressources du monde diminuent, tout spécialement sous l'effet du changement climatique, le message que l'on fait passer aux damnés de la terre est sévère et sans équivoque : nous avons tout ; si vous essayez de nous prendre quoi que ce soit, nous vous tuerons. La réponse des dépossédés est également sévère et sans équivoque. Elle a été donnée à Paris.
Source : Chris Hedges (journaliste et auteur américain. Ancien correspondant de guerre, il est reconnu pour son analyse de la politique américaine ainsi que de celle du Moyen-Orient), Truth Dig, le 11/01/2015
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Stop au “Mahomet bashing”, par Eric Brunet

Je ne suis pas Charlie. Je suis resté chez moi, le dimanche 11 janvier, comme 62 millions de Français. Pour autant, les tueries de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher m’ont meurtri. Je connaissais personnellement deux victimes...
Si je vous dis que je ne suis pas Charlie, ce n’est pas pour cultiver ma différence, mais parce que j’estime que la liberté d’expression ne peut être réduite au droit de dessiner Mahomet avec une paire de testicules sur la tête… ou le pape avec un crucifix dans le postérieur.
Beaucoup de Français viennent de découvrir que la liberté de la presse est menacée dans notre pays. On pourrait sourire... Dans les faits, elle est bafouée tous les jours par des censeurs éminemment plus subtils que les frères Kouachi : les groupes financiers ou industriels qui achètent nos quotidiens, les milliers de journalistes qui s’autocensurent pour garder leur job...
Curieux, ce réveil tardif des défenseurs de la liberté. Où étaient-ils lorsque Mitterrand usait de tous ses pouvoirs pour empêcher Jean-Edern Hallier de révéler l’existence de sa fille dissimulée, ses liens avec Pétain et la Cagoule, ou le cancer qu’il cachait aux Français ? ... Oui, la liberté d’expression, c’était Jean-Edern, pas les caricatures représentant Mahomet sous la forme d’une crotte enturbannée ou Benoît XVI en train de sodomiser des enfants.
Entendons-nous : je ne suis pas religieux et j’adore le rire et la provocation. Mais cessons de nous arcbouter sur le logiciel français et admettons que les obsessions de Charlie Hebdo ont déboussolé une communauté musulmane qui entretient avec Dieu une relation particulière, différente de celle des chrétiens et des juifs.
Je ne rêve pas que la France renonce à la liberté de caricaturer. Je veux juste qu’elle fasse montre de mesure et de discernement... Ces derniers jours, les chaînes de télévision américaines et britanniques ont refusé de montrer la couverture de Charlie Hebdo à leurs publics. Pourtant, les États-Unis et le Royaume-Uni comptent parmi les plus anciennes démocraties du monde. Et CNN comme la BBC ne sauraient être accusées d’indulgence à l’endroit des extrémistes musulmans. Mais dans ces nations où le dogme laïque n’existe pas, le bon sens commun a conduit les médias à prendre une position responsable.
Il est temps d’affirmer que les manifestations du 11 janvier ne donnent pas à Charlie Hebdo un droit éternel à allumer des incendies. Les caricaturistes doivent lever le crayon. « Un dessin est un fusil à un coup », disait Cabu. Vrai : lors des manifestations anti-Charlie Hebdo, des effigies de François Hollande ont été brûlées et de nombreux chrétiens ont été assassinés. N’oublions pas que près de 3 millions de nos compatriotes vivent à l’étranger, et beaucoup redoutent la haine anti-Français...
Source : Valeurs Actuelles, le 26/01/2015

LIBERTE D’EXPRESSION. Quand Charlie Hebdo s’oppose à la parution de « Charpie Hebdo »

Charlie Hebdo vient de s’illustrer encore une fois. Négativement. La chose la moins bien partagé dans ce canard, c’est la liberté d’expression. On se souvient de Siné. Aujourd’hui, le journal dit satirique mais plutôt sadique vient de faire savoir,  par lettre recommandée de son avocat, son opposition au projet de lancement d’un titre baptisé « Charpie Hebdo ».
Ce n’est pas une surprise. On sait que ceux se réclamant de la liberté d’expression sont toujours les plus grands censeurs, pour peu qu’ils aient le pouvoir. Soutenu par tous, Charlie Hendo fait donc du zèle. Julien Saint-Guillaume, directeur de la rédaction du « Connard », un des deux titres édités par Sonora Média qui voulait lancer « Charpie Hebdo » déclare:
« Il n’y a pas la satire acceptable et la satire pas acceptable. C’est la preuve que Charlie Hebdo veut fixer des limites à la liberté de la presse ».
Véridique….