dimanche 6 juillet 2014

Voici pourquoi et comment Sarkozy a assassiné Kadhafi

Cinquante millions d’euros déboursés par Mouammar Kadhafi pour sa course à l’Élysée, et l’exécution suspecte du colonel, sont autant de cadavres dans le placard de l’ex-président français Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas un hasard si l’assaut de l’OTAN contre la Libye a débuté le 19 mars 2011 par un bombardement des chasseurs français sur les forces de Kadhafi, lesquelles étaient sur le point de terrasser les rebelles à Benghazi.

Les fantômes libyens, toujours démentis sèchement et avec indignation par Sarkozy, sont réapparus après sa spectaculaire arrestation et sa mise en examen par la justice française. Dans les écoutes téléphoniques, il apparait que l’ex-président français fait pression sur un juge et tente de se renseigner précisément sur l’enquête portant sur les fonds versés par Kadhafi pour financer la campagne présidentielle victorieuse de son "ami" de  2007.
Kadhafi aide son "ami" Sarko,
ce dernier le liquide pour
ne pas laisser de traces
Le premier à avoir accusé Sarkozy d’avoir accepté les millions provenant de Tripoli pour se faire réélire avait été Saif el Islam, le fils – encore en vie – du colonel, trois jours avant l’assaut de l’OTAN. Le 25 octobre 2011, l’ex premier ministre libyen, Baghdadi Ali al-Mahmoudi, qui s’était enfui en Tunisie avant d’y être arrêté, puis vendu aux islamistes libyens (*)  admettait lors d’un interrogatoire : « J’ai supervisé personnellement le dossier du financement par Tripoli de la campagne de Sarkozy. »

Un an après l’attaque de l’OTAN à la Libye, entre plaintes et démentis, on apprend que Brice Hortefeux, qui fut ministre pendant la présidence Sarkozy, avait conclu l’accord le 6 octobre 2006 lors d’une réunion entre Abdullah Senussi, beau-frère du colonel, et le trafiquant d’armes Ziad Takieddine. L’accord figurait dans un document signé par Mussa Kussa, l’alors chef des omniprésents services secrets libyens, aujourd’hui réfugié au Qatar. L’argent aurait été versé en secret par Bashir Saleh, chef de cabinet du colonel. Ce récit est confirmé par Moftah Missouri, l’interprete personnel du rais libyen.
À cette époque, Sarkozy accueillait à Paris le Kadhafi des années d’or, et l’appelait le "frère leader". Si cette histoire de financement illicite est vraie, et dans le cas où il aurait dû faire face à la justice, le colonel aurait pu la rendre publique pour démentir le président français.
Le 20 octobre 2011, lorsque la colonne de Kadhafi fut localisée et bombardée par deux chasseurs Rafale français, le rais fut capturé vivant, avant qu’on lui donne le coup de grâce. « Dans les jours qui ont précédé, plusieurs missions tactiques avaient eu lieu, avec au moins 9 hélicoptères envoyés sur Syrte (où se cachait le colonel – nda), raconte à Il Giornale une source de l’OTAN. L’un était anglais et les autres français, ils frappaient des objectifs bien précis. » La fin de Kadhafi prit forme après un coup de téléphone qu’il passa vers Damas depuis son téléphone satellite, et qui fut intercepté par l’OTAN. Les pilotes de chasseurs français et un [drone] Predator américain fournirent en continu des informations sur la colonne du rais en fuite, à la base de l’OTAN de Naples et à Poggio Renatico, qui gérait les opérations aériennes. Une partie de ces informations était ensuite envoyée aux corps d’élite et aux services de renseignements alliés, aux côtés des rebelles de Syrte.
« L’impression est qu’après le premier groupe d’insurgés qui a capturé Kadhafi, un autre groupe est arrivé qui semblait savoir exactement quoi faire et aurait reçu l’ordre d’éliminer le prisonnier » a expliqué à Il Giornale une source anonyme impliquée à l’époque dans le conflit. Une partie des révolutionnaires voulait emmener Kadhafi à Misurata, comme en témoignent les hurlements enregistrés par les téléphones portables. Ensuite, un membre du second groupe, avec l’ordre de tuer, se serait approché du colonel en sang, mais toujours vivant, et aurait profité de la confusion pour lui donner le coup de grâce.
Quelques mois plus tard, Mahmoud Jibril, ex-premier ministre par intérim après la chute du régime, avait confirmé la nouvelle à la télévision égyptienne : « C’est un agent étranger mélangé aux révolutionnaires qui a exécuté Kadhafi.  »
  Fausto Biloslavo
IlGiornale.it
Jeudi 3 juillet 2014, 00 :24
Traduction française : ilfattoquotidiano.fr

(*) Dans l'article : assassinat de Chokri Belaïd, nous écrivions :

D’ailleurs, il l’avait prouvé avec  l’extradition illégale et criminelle de l’ex Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi vers Tripoli, contre, il est vrai, une confortable rançon.  Il parait qu'ils (qui-vous-savez) se sont partagés la confortable rançon. Un Million de Dollars par ci, un autre million par là.  Quand l'un d'eux est coincé avec son million en banque, à Tunis même, on vous sort une chinoiserie quelconque.  Concluons enfin par cette mise en garde d'Angela Mekel, chancelière d'Allemagne : "Tous ceux qui tiennent à la légitimité en Tunisie doivent savoir que le monde entier est en train d’observer le terrorisme exercé en Tunisie au nom de cette légitimité et assiste à l’apparition de milices extrémistes. Ce qui se passe au Mali doit servir de leçon aux tenants de la légitimité, sinon ils rateraient l’opportunité historique de construire un Etat pluraliste démocratique et moderne en Tunisie".

La France assignée en justice

Des habitants de la ville libyenne de Touarga, victimes de représailles de milices anti-Kadhafi lors de la guerre en Libye en 2011, ont assigné la France en justice pour son aide aux rebelles.
Leur avocat parisien a assigné l'État français devant le tribunal de grande instance de Paris et réclame plus de 600 millions d'euros pour dédommager les quelque 40.000 habitants déplacés de force ou les familles des disparus de Touarga, soit 15.000 euros par personne, a-t-il expliqué. Durant la guerre en Libye, Touarga, non loin de Misrata à 200 km à l'est de Tripoli, avait longtemps été une place forte pro-Kadhafi. Ses habitants étaient accusés par les combattants rebelles de Misrata d'avoir joué un rôle clé dans le siège de leur ville par les forces loyalistes et d'avoir commis de nombreuses exactions, comme des viols.
Après la prise de Touarga par les rebelles de Misrata, la ville avait été désertée à la suite de violentes représailles, notamment des pillages et des incendies. Ces exactions avaient été dénoncées par l'organisation Human Rights Watch. Dans son assignation, l'avocat soutient que la prise de Touarga et les exactions qui ont suivi ont été rendues possibles grâce aux frappes aériennes de la coalition sous commandement de l'Otan, où la France jouait un rôle de premier plan. Or, la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu "prévoyait la protection des civils mais n'autorisait pas les États membres de la coalition à intervenir dans le conflit". Il s'agit donc d'une violation du principe de non-recours à la force posé par la charte des Nations unies, dont l'État français peut être tenu responsable.   "La conséquence, c'est une ville désertée, 2000 disparus et un nombre indéterminé de personnes en prison", estime l'avocat. Cette procédure devrait prendre de nombreux mois avant une audience sur le fond de la requête.
Hannibal GENSERIC

VOIR AUSSI : 

Révélations sur les origines et les débuts de Nicolas Sarkozy

Le Sarkozy va-t-il servir de repoussoir ?
Le président l’espère, en panne d’encensoir,
Car les enquêtes policières
Et les poursuites judiciaires
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Henri Suhamy