lundi 10 septembre 2012

Tunisie : le naufrage d'un peuple


  •  Hommage aux naufragés de Lumpedosa en tant que symbole du naufrage de tout un peuple


    Les dizaines des victimes tunisiennes  mortes noyées suite au naufrage de leur radeau de la Méduse, en ce mois de septembre 2012,  sont le symbole du naufrage actuel de tout un peuple auquel ses ennemis intérieurs et extérieurs  ont coupé brutalement et violemment les ailes de la liberté. 


    En effet, ces victimes de la Tunisie de la Troïka de l'indignité nationale incarnent à elles seules l'état de liquéfaction du pays depuis le coup d'état institutionnel le 23 octobre 2011, cette mascarade électorale digne d'un spectacle de charmeur de serpent. En cherchant à fuir au péril de leur vie  leur pays croulant sous des milliers de tonnes d'ordures ménagères, voire humaines, tels ces personnages effrayants sortis des geôles de Ben Ali et devenus pour l'occasion les gardiens de la vertu tartuffienne wahhabite,. Ils voulaient témoigner de la descente aux enfers de la Tunisie et du grand désespoir de leur peuple. 

    En empruntant une embarcation de fortune, ils étaient conscients du risque que cela représentait pour eux. Ils savaient pertinemment que leur chance de survie était minime. Malgré tout cela, ils avaient bravé le danger; et,  mourir pour mourir , autant mourir dans l'honneur et la dignité et afin que leur mort serve de catalyseur pour leur peuple. Leur embarcation affrontant courageusement les houles de la Grande Bleue n'est pas sans rappeler le geste héroïque de Jan Palach immolé par le feu sur la place Venceslas à Prague le 19 janvier 1969, pour protester contre l'invasion de son pays par l'Armée Rouge qui avait pour mission d'écraser dans l'oeuf toute velléité de réforme et donc de rupture avec le totalitarisme bolchevique. Les 110 braves tunisiens dont une fillette de 9 ans , tel Jan Palach affrontant à mains nues les blindés soviétiques, s'étaient lancés dans un combat sans autre issue pour eux que la mort salutaire et libératrice pour leur peuple tombé en ce jour funeste du 23 octobre 2011 sous le joug des forces d'occupation wahhabite au service de la Maison Blanche. C'est elle qui a monté la plus grande supercherie électorale de tous les temps. La peur de la contagion démocratique a poussé l'Administration américaine a mettre en place un scénario des plus perfides et pernicieux afin de confisquer la Révolution tunisienne au profit de ses nervis islamistes dont elle cherche à faire ses fidèles obligés au sein du monde musulman, seul moyen pour elle de garantir sa sécurité et ses intérêts géoéconomiques et géostratégiques. 



    Les 110 braves, par leur geste de grand sacrifice, voulaient témoigner eux aussi de l'occupation de leur pays et de son grand état de de déliquescence socio-économique, depuis que les Yankees aidés par leur Milice locale, l'organisation terroriste et félonne d'Ennahdha, ont dévoyé la Révolution des Indignés en Contre-révolution de l'indignité, de la déchéance morale et humaine et de l'obscurantisme religieux. Tous ces hommes et femmes en partant à l'assaut de rivages plus accueillants et hospitaliers, au prix de leur vie, étaient porteurs d'un message pour le monde entier : la Tunisie se meurt lentement mais sûrement sous vos yeux et si vous ne faites rien, la Grande Bleue engloutira les cadavres de tous les tunisiens épris d'amour et de paix qui préféreraient le ventre de la mer berceau de quelques unes des plus grandes civilisations universelles plutôt que d'être engloutis dans le ventre de la bête immonde wahhabite. Nul ne doit nier que leur geste est un geste du désespoir de tout un peuple, un appel au secours, un S.O.S. de détresse; comme on ne peut nier que leur mort est la mort inexorable qui guette le pays sacrifié sur l'autel de la Pax Americana et de ses impératifs sécuritaires, économiques et financiers. Que leur acte héroïque et ô combien patriotique remette la Tunisie dans le sens de la marche de l'histoire et donne enfin tout son sens à sa Révolution.
    Quant à la Troïka, elle n'est pas là pour s''émouvoir et 'épancher sur la souffrance des tunisiens, elle est en service commandé pour oeuvrer à la mise à mort programmée des espoirs de liberté en Tunisie. Cynique et froide, elle  ne peut compatir pour le malheur de ce peuple trahi, endueillé et blessé dans sa chair. Pendant que le peuple pleure ses morts, elle se réjouit de son immense douleur. Chaque mort tunisienne a le goût pour elle de la saveur d'une victoire sur la Tunisie qui la rapproche du but ultime : la wahhabisation de la Tunisie. Tous ces morts sont, pour elle, une question de détails, ils sont anecdotiques, une péripétie dans le parcours de la création du nouveau Protectorat de la Tunisie. Ce naufrage tragique qui vient de frapper la Tunisie  dans son coeur et son âme et l'attitude indifférente et insolente de la Troïka face à ce drame national n'est pas sans rappeler les évènements  tragiques des J.O. de Munich 1972 de triste mémoire et la formule célèbre d'Avery Brundage, alors Président du C.I.O.  : the show must go on.
    •  Salem BENAMMAR