Dans son nouvel essai, La Défaite de l’Occident, Emmanuel Todd remet en question « l’axiome » de l’État-nation qui règle les relations internationales depuis le XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui (axiome fondateur des « Nations unies »). Il propose « une interprétation pour ainsi dire post-euclidienne de la géopolitique mondiale », qui ne repose pas sur l’État-nation, mais fait plutôt l’hypothèse de sa disparition prochaine.
Todd dissipe au passage un malentendu largement partagé par une dissidence française qui s’imagine que la « multipolarité » qui se met en place sera compatible avec la « souveraineté »
d’un pays européen comme la France. La multipolarité est un ordre
mondial dont les acteurs principaux seront de grands ensembles
civilisationnels régionaux. La France n’en fait pas partie, pas plus
qu’aucune autre nation européenne. L’Europe, qui se veut une
multipolarité à elle toute seule, peut-elle devenir un pôle
civilisationnel dans la multipolarité globale ?
Samuel Huntington et le retour des civilisations