mercredi 27 mai 2015

SYRAK : les batailles de Palmyre et de Ramadi


Le wahhabisme, tel que pratiqué en Arabie saoudite, ce pays qui décapite à qui mieux mieux, est toujours et continuera d’être, la matrice idéologique de toutes les formes de salafisme djihadiste lâchées dans la nature au Moyen-Orient, au Maghreb et au-delà. Daesh, qui fait ses choux gras des médias sociaux, en est l’illustration éloquente.
À la grande consternation du monde civilisé, Daesh a pris Palmyre, la perle de la Route de la Soie de jadis. L’Unesco est préoccupée. La Maison-Blanche est inquiète. Palmyre est un carrefour stratégique au centre de la Syrie, qui permettra au faux califat de lancer des attaques dans toutes les directions et de harceler les positions du gouvernement syrien dans l’axe vital Damas-Alep. Il a déjà pris le poste-frontière crucial d’al-Walid, en territoire syrien.

L'Occident complice dans la chute de Palmyre

L’Occident complice dans la chute de Palmyre
Selon des sources bien informées à Beyrouth et à Damas, les Américains et les pays membres de la «Coalition internationale» avaient été informés via des canaux spéciaux de l'intention de l'organisation terroriste d'attaquer la ville antique, située aux portes du désert syrien. Mais malgré ces informations, la coalition n'a rien fait et «Daech» a pu acheminer des renforts de Deir Ezzor, d'Al-Anbar (Irak) et de Raqqa dans des colonnes motorisées, qui ont tranquillement traversé des centaines de kilomètres à découvert dans le désert, sans qu'elles ne soient inquiétées le moins du monde par les avions des États-Unis et de leurs alliés, qui ont la maitrise du ciel. Cela signifie clairement que l'Occident est complice dans la prise de Palmyre par «Daech», afin de mettre à exécution le plan de partage des pays de la région en entités confessionnelles»
.
En outre, plus du tiers des 200.000 habitants de Palmyre sont déjà devenus des réfugiés. Des centaines ont été pris en otages. Les décapitations macabres se poursuivent. Est-ce que l’Empire du Chaos qui, en théorie, est en guerre contre le faux califat, fait quoi que ce soit pour sauver les ruines romaines inestimables de Palmyre de leur destruction, probablement imminente, par des barbares plongés dans le wahhabisme ? Bien sûr que non !
 
La même question se pose à Ramadi, capitale de la province d’al-Anbar, à environ 110 km à l’ouest de Bagdad, que les USA n’ont pas perdue parce qu’ils ne l’ont jamais possédée. Pendant que ISIS/EIIL/Daesh se targuait de sa victoire par mégaphone interposé dans toutes les principales mosquées, le Pentagone décrivait le tout comme un champ de bataille fluide et contesté, en insistant sur son soutien (aux Irakiens) au moyen de la force aérienne.
Zoom sur les convois de Toyotas étincelantes des brutes du califat tout sourire faisant pétarader leurs kalachnikovs sur le champ de bataille fluide et contesté qu’ils viennent de prendre. Le Pentagone aura beau soutenir tout ce qu’il veut au moyen de la force aérienne, mais son bombardement ne nuira en rien à la fluidité. Le Pentagone est à court de cibles. ISIS/EIIL/Daesh n’est pas une cible facile. Il mène une guérilla asymétrique et n’a aucune peine à se redéployer à la vitesse de l’éclair.
La prise de Ramadi par ISIS/EIIL/Daesh est le fruit d’une bonne planification stratégique. Elle est symboliquement d’une grande portée, car il s’agit d’une défaite majeure non seulement pour Bagdad, mais aussi pour l’Empire du Chaos, qui dirige de l’arrière, même si Barack Obama, qui ne sait rien de rien, insiste pour dire que nous ne perdons pas la lutte contre le califat.
Le premier ministre irakien Haïder Al-Abadi a fini par saisir la situation. Il a rencontré les dirigeants des principales milices chiites, qui devront faire le gros du travail en traversant l’Euphrate pour tenter de reprendre Ramadi avant que les brutes du califat ne progressent vers la ville sainte de Kerbala, qui abrite le tombeau de l’imam Hussein, le petit-fils martyr du prophète Mahomet. Il s’agit d’une course contre la montre, car ISIS/EIIL/Daesh pourrait aussi tenter de s’emparer des bases militaires et des dépôts d’armes irakiens se trouvant à proximité.
Quant aux cheikhs des tribus sunnites autour de Ramadi prêtes à combattre le califat, ils ne décolèrent pas, car ils attendent toujours les armes promises par Bagdad. Du reste, personne ne sait pourquoi l’armée irakienne sur place n’a pas reçu d’appui aérien. Des hélicoptères de combat auraient pu pourtant réduire en miettes bon nombre de brutes du califat.
Al-Abadi a fini par agir en levant son interdiction faite aux milices chiites d’aller combattre dans la province irréductiblement sunnite d’al-Anbar. Elles l’avaient pourtant déjà fait en obéissant à un ordre de l’ayatollah Sistani, qu’elles vénèrent.
Au même moment, le chef de la Brigade Badr et commandant en chef des milices chiites, Hadi Al-Amiri, est convaincu que reprendre Ramadi sera plus facile que faire campagne au nord de Bagdad, dans la province de Salah ad-Din, où les milices, de pair avec l’armée irakienne, ont repris Tikrit et Baïiji des mains de ISIS/EIIL/Daesh. Dans les deux cas, le bombardement de l’Empire du Chaos a joué un rôle minime.
Al-Abadi a également rencontré à Bagdad le ministre iranien de la Défense, le brigadier général Hossein Dehqan. Il a souligné que l’Iran et l’Irak combattaient l’extrémisme terroriste (sunnite), en ajoutant que (fait crucial) nous ne soutenons pas la guerre au Yémen, ce qui place Bagdad en situation de conflit direct avec Riyad.
Il y a encore mieux. Al-Abadi s’est rendu à Moscou, où il espère recevoir un grand soutien, ainsi que des armes. Après tout, ISIS/EIIL/Daesh compte une abondance de Tchétchènes dans ses rangs. Moscou veut réduire le califat en poussière. Mais comme ce dernier a le vent dans les voiles, la possibilité d’un renouveau djihadiste en Tchétchénie n’en devient que plus menaçante.
La table est donc mise pour la bataille de Ramadi, en version remixée. 
- D’un côté nous avons des milices chiites, des tribus sunnites, le conseiller occasionnel des USA et l’aide discrète de l’Iran et de la Russie. 
- De l’autre, nous avons les brutes du califat, dont bon nombre sont des mercenaires, soutenus généreusement par divers wahhabites fortunés de l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe. 
Pour l’Empire du Chaos, la tactique du diviser pour mieux régner demeure le nerf de la guerre.

Qu’est-ce qui se cache derrière le manque de soutien aérien étasunien aux défenseurs de Ramadi ?

La seule explication qui tienne du soutien aérien très, très limité que les Etats-Unis ont donné à l’Irak, c’est qu’ils ont pour objectif de démembrer l’État irakien et de créer une nouvelle entité étatique sunnite sous leur coupe. Le gouvernement irakien devrait enfin s’en rendre compte et se décider à ignorer les conseils des États-Unis et à reprendre son indépendance.
Pourquoi y a-t-il eu si peu d'attaques aériennes étasuniennes contre les attaquants de l’État islamique quand ils ont pris Ramadi ?

La première excuse qu’a donnée l’armée des États-Unis a été « une tempête de sable a mangé mon lunch ». Cette excuse a été avancée dans un article du New York Times :

"Les combattants de l’État islamiques ont profité d’une tempête de sable pour faire une avancée militaire d’importance dans les premières heures de l’attaque du groupe terroriste sur la capitale irakienne provinciale de Ramadi, la semaine dernière, dans un assaut qui a forcé les forces de sécurité irakiennes à s’enfuir, ont déclaré lundi des officiels étasuniens encore en poste ou non."


Le sténographe qui a écrit l’article n’a pas pris la peine d’interroger des témoins oculaires ni même de vérifier la météo. Le mythe de la « tempête de sable » est donc né et a tourné en boucle. Mais comme ceux qui regardaient les vidéos et les photos du combat ne voyaient qu’un ciel bleu lumineux, l’armée, mais pas le NYT.

L’armée étasunienne a donc besoin d’une nouvelle excuse pour expliquer pourquoi elle ne se donne pas vraiment la peine d’attaquer les troupes de l’État islamique.

La prétendue crainte de tuer des civils est évidemment bidon. Les quelques frappes aériennes étasuniennes lancées contre l’État islamique ont déjà tué des centaines de civils, même s’ils ne l’ont pas reconnu.
L’absurdité de la raison invoquée pour ne pas venir en aide aux défenseurs de Ramadi est aussi démontrée par le fait que les États-Unis ont eu de nombreuses occasions pour les attaquer dans des zones où il n’y avait pas ou peu de civils, comme pendant la parade de l’État islamique avec ses Toyotas flambant neuves. Pourquoi les combattants de l’État islamique sont-ils libres de circuler à découvert et en masse sur les routes qui relient la Syrie à l’Irak ?


Ni l’excuse de la « tempête de sable » ni celle de la « crainte » de tuer accidentellement des civils ne semblent être la véritable explication de la décision de ne pas soutenir les troupes irakiennes contre les attaques de l’État islamique. On en trouve une bien meilleure explication dans un rapport de 2012 de la Defense IntelligenceAgency, récemment déclassifié, qui dit que les EU et les monarchies du Golfe veulent un Etat islamique recouvrant l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak (Voir ICI.).

L’armée étasunienne au Moyen-Orient ne soutient pas l’Etat irakien légitime contre l’État islamique illégitime. Elle remodèle le territoire avec comme objectif final « une principauté salafiste » d’une taille donnée sur une partie de la Syrie et de l’Irak, des régions kurdes indépendantes et un état croupion chiite en Irak. On revient toujours au plan américano-israélien de remodelage du Moyen-Orient.


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Comment lutter contre ce « monstre de Frankenstein » Américain

Depuis l’année dernière, de nombreux responsables irakiens se plaignent du parachutage étasunien d’armes à l’EI – délibéré ou accidentel, la question n’est pas tranchée. Par contre, des sources militaires ont clairement indiqué que la coalition menée par les États-Unis ignore la plupart des demandes irakiennes de couverture aérienne de ses opérations au sol.
Si les États-Unis ne veulent pas coopérer à la lutte existentielle de l’Irak contre l’EI, alors pourquoi s’embêter avec les Américains ?
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi est considéré comme un chef d’État « faible » – un fonctionnaire relativement pro-américain qui s’efforce de maintenir l’équilibre entre les intérêts américains et ceux du puissant voisin de l’Irak, l’Iran.
Mais après la chute désastreuse de Ramadi et d’autres mauvaises nouvelles venant de Syrie, Abadi n’a guère d’autre choix que de limiter les pertes, et vite. Le premier ministre a ordonné le déploiement de milliers de miliciens de Hashd al-SHAABI (groupes paramilitaires chiites communément appelés Forces de mobilisation populaire) dans la province d’Anbar pour reprendre le contrôle de Ramadi. Ceci avec l’exceptionnelle bénédiction des tribus sunnites d’Anbar qui ont voté massivement pour demander le soutien militaire de Hashd.
Quelques milliers de combattants sunnites ont rejoint les miliciens de Hashd, apportant leur sceau à cette décision politique. Si l’opération de Ramadi réussit, cet effort conjoint entre sunnites et chiites (qui a également été couronné de succès à Tikrit) pourrait fournir à l’Irak un modèle à multiplier autant que possible.
Les pertes récentes en Syrie et en Irak ont ​​galvanisé les opposants de l’EI, du Liban à l’Iran en passant par la Russie, et les armes, les hommes et les fonds affluent. Si Ramadi est repris, ce regroupement continuera sans doute sa progression et tentera d’arriver à la frontière syrienne à travers le territoire de l’EI. Il y a une bonne raison à cela : les assaillants qui ont pris Ramadi sont passés à travers la frontière syrienne – au vu et au su des appareils de reconnaissance américains.
Un haut fonctionnaire d’un État de la résistance a déclaré plus tôt dans l’année : « Nous ne laisserons pas se former une grande zone démographique et géographique (extrémiste) entre la Syrie et l’Irak. Nous allons travailler à repousser l’EI syrien en Syrie et l’EI irakien en Irak ».
À l’heure actuelle, le renforcement des capacités militaires irakiennes est la clé qui permettra de repousser les Takfiris vers les zones d’opérations syriennes de l’est et du nord-ouest de la Syrie. Et la priorité absolue sera de détruire « la zone de tampon de l’EI » entre les deux pays.
La solution pour gagner la lutte devrait être élaborée dans la région, en particulier au sein des États dont la sécurité est la plus compromise ou la plus menacée : le Liban, la Syrie, l’Irak et l’Iran.
Ces quatre états seraient obligés d’augmenter leur coopération militaire à mesure que la guerre s’intensifierait et qu’ils seraient les seuls à mettre des « bottes sur le terrain ».
Et c’est ce qui va se passer. Mais la couverture aérienne est une composante nécessaire à la réussite des opérations offensives, même dans des situations de guerre non conventionnelle. Si les États-Unis et leur piètre coalition ne peuvent pas ou ne veulent pas fournir le renseignement et la couverture aérienne nécessaires, sous la direction d’un commandement militaire central irakien, alors l’Irak devra chercher de l’aide ailleurs.
On pense alors à l’Iran et à la Russie – et c’est peut-être ce qui arrivera.
L’Irak et la Syrie doivent fusionner leurs stratégies militaires plus efficacement – encore une fois, c’est un domaine où les Iraniens et les Russes peuvent fournir une expertise précieuse. Les deux états se sont heurtés à un mur dangereux ces dernières semaines, et ils sont certainement prêts à agir vite et fort.
Le groupe de résistance libanais, le Hezbollah, s’implique aussi de plus en plus – son secrétaire général, Hassan Nasrallah, a récemment assuré que le Hezbollah ne se limiterait plus géographiquement, et qu’il irait là où c’est nécessaire pour contrecarrer l’ennemi Takfiri. Les acteurs non étatiques qui constituent le noyau djihadiste et Takfiri ne peuvent pas être battus par des armées conventionnelles, et c’est la raison pour laquelle les milices locales habituées à la guerre asymétrique sont les mieux adaptées pour ces batailles.
En manière de critique contre la réponse tout à fait inexistante des États-Unis à la débâcle de Ramadi, Qassem Suleimani, le commandant de la Force l’élite iranienne Qods, souligne : « Aujourd’hui, il n’y a personne qui s’oppose à [l’EI] à l’exception de la République islamique d’Iran et des pays voisins de l’Iran ou soutenus par l’Iran ». Les Iraniens sont devenus des figures centrales dans la lutte contre le terrorisme, et ils sont aux premières loges – contrairement à Washington qui se trouve à quelque 10 000 km.
Si les États-Unis voulaient vraiment combattre le terrorisme, il leur faudrait se concentrer sur des activités non-combattantes mais essentielles pour saper l’extrémisme : 1) sécuriser les frontières turques et jordaniennes pour empêcher l’infiltration de djihadistes en Syrie et en Irak, 2 ) sanctionner les pays et les individus qui financent et militarisent les Takfiris, et qui sont pour la plupart de fidèles alliés des États-Unis, qui font maintenant ironiquement partie de la « coalition » pour lutter contre l’EI, et 3) échanger des renseignements cruciaux sur les mouvements djihadistes avec les pays engagés dans la bataille.
Si la coalition dirigée par les États-Unis ne veut pas opérer de frappes aériennes, sous le commandement explicite des états souverains engagés à grand risque dans cette lutte, il est temps de chasser de l’espace aérien irakien et syrien les avions de guerre de la coalition, et d’ouvrir le  ciel syro-irakien aux vrais partenaires sérieux.

Sissi, prêt à contrer Riyad, pour "sauver Assad" ?

Sissi, prêt à contrer Riyad, pour "sauver Assad"?!!  Selon les sources diplomatiques, au Caire, les différends égypto-saoudiens, dans le dossier syrien, continuent à exister, et les experts n'écartent pas une confrontation à venir entre Sissi et son allié saoudien! Le porte parole du ministère égyptien des A.E avait fait état, auparavant, de la tenue d'une conférence des " opposants syriens", au Caire, conférence destinée à "examiner la prochaine étape de la transition politique, en Syrie, ainsi que de la fin de la crise". Les médias libanais avaient, auparavant, confirmé les coordinations, qui se font de plus en plus étroitement entre le Caire et Moscou, pour maintenir au pouvoir Assad, tout en faisant entrer les opposants à ce dernier, au sein de l'appreil du pouvoir. C'est sur cette base que Le Caire serait tenté de dialoguer avec ceux des anti-Assad, qui font preuve de plus de flexibilité, à l'encontre du régime syrien. "Al-Akhbar", citant les sources égyptiennes, essaie de la sorte, de faire pression sur les différentes parties impliquées dans la crise syrienne, pour les faire reculer de leurs positions et aboutir à une solution réaliste. Le ministère égyptien des A.E a, ainsi, multiplié les contacts avec Damas, et les pourparlers secrets entre Damas et le Caire seraient consacrés à la mise sur pied de ce qui devrait être dit et décidé, dans le cadre d'un accord syro-syrien. Pour les analystes, le fait que l’Égypte ait décidé de parrainer le dialogue syro-syrien marque une entorse "made in Sissi", à l'oukase de Riyad. La conférence de l’Égypte chercherait, en effet, à succéder à cette pseudo opposition anti-Assad, qui siège, depuis 4 ans, à Ankara, et qui est un cocktail des affidés de Riyad, d'Ankara, avec un seul et même objectif, celui de renverser Assad. Riyad ne fait nul secret de son intention de voir, au plus vite, Assad être écarté du pouvoir. Cette exigence, qui est récurrente, dans tous les plans saoudiens, est en contradiction avec celle de l’Égypte. Le Caire se montre, aussi, peu coopératif, dans le dossier yéménite.
 
Hannibal GENSERIC